J’ai autopublié un livre (puis un deuxième) via Amazon. Un an après, voici ce que je peux en dire

(juin 2017, actualisé en mars 2020 et septembre 2022)

 

Il y a à peu près 18 mois, j’ai fait parvenir à plusieurs maisons d’édition quelques chapitres d’un livre sur lequel je travaillais. Bien entendu, j’avais l'espoir d’être publié par l’une d’elles et me voyais déjà céder au plus offrant ou au plus flatteur. Cet espoir fut de courte durée car tous ces éditeurs (une dizaine) ont refusé de me publier en m’envoyant des réponses types. Le sujet de mon livre me paraissait pourtant porteur : l’audiovisuel à l’ère du numérique. Aucun livre ne traitait à l’époque du sujet. La radio, la presse, le livre à l’ère du numérique existaient déjà mais aucun ouvrage n’était consacré à l’audiovisuel dans son ensemble (télévision, VOD, cinéma...) Au-delà de cette thématique, mon parcours me semblait légitimer mes capacités à écrire un tel ouvrage. A priori, je sais écrire car je suis l’auteur d’une thèse de droit de 500 pages qui a été plutôt bien reçue. Au surplus, après mon doctorat, j’ai écrit une cinquantaine d’articles juridiques dont une bonne partie porte sur le droit du cinéma et de l’audiovisuel. J’arrive même de-ci de-là à placer quelques tribunes dans les pages débats du journal Le Monde (ce dont je suis assez fier) dont certaines portent sur des questions relatives à l’audiovisuel. En d’autres termes, écrire est mon métier et j’étudie le monde de l’audiovisuel depuis plusieurs années. C’est donc tout naturellement que j’ai décidé de consacrer une partie de mon temps à l’étude et à l’impact que pouvaient avoir les transformations numériques sur le monde de l’audiovisuel afin d’en faire un livre.
Après 24 mois de travail, le livre est enfin bouclé mais, souvenez-vous, je n’ai pas d’éditeur. Il en faut plus pour m'abattre, je décide donc de publier moi-même mon livre. Après tout, l’édition aussi est impactée par les évolutions du numérique ! Je m'aperçois rapidement qu’Amazon propose un système d’autoédition qui me convient. L’énorme avantage est bien entendu le réseau de distribution du marchand en ligne matérialisé par son site internet très fréquenté. Le livre peut être publié en version numérique mais également en version papier par un système d’impression à la demande. Les deux versions sont disponibles sur le site marchand d’Amazon. Une fois achetée, la version numérique du livre peut être consultée sur n’importe quels ordinateur, tablette ou téléphone : il suffit de télécharger gratuitement l’application Kindle. Pour ce qui est de la version papier, l’impression à la demande est très rapide et est envoyée à l’acheteur 24 heures après la commande en ligne.

1ère étape, la mise en forme : Pour la version numérique, il faut convertir le fichier contenant votre livre au format utilisé par Kindle. Bien évidemment toute la pagination est remise en cause et tout est à revoir. Pour autant, ce n’est pas trop compliqué et une ou deux heures suffiront pour obtenir une mise en page parfaite pour la version Kindle. La même logique s’appliquera à la version papier qui vous imposera là aussi quelques heures de travail. Notez que vous pouvez faire votre couverture vous-même ou choisir un modèle en ligne. J’ai opté pour la première solution. Pour le quatrième de couverture, vous contrôlez également les éléments que vous souhaitez y voir figurer. A cette étape du processus, la sensation est assez agréable car votre livre ne vous échappe pas : vous contrôlez le fond mais aussi la forme. Vous concevez votre livre de A à Z.

2ème étape, fixer le prix : Il faut maintenant fixer le prix du livre. Là encore, vous êtes complètement libre. A vous de choisir la somme qui vous semble la plus adaptée. Notez bien qu’Amazon vous reverse une grande partie du prix d’achat du livre. Les pourcentages n’ont rien à voir avec ceux pratiqués par les éditeurs traditionnels qui vous laissent a priori entre 5 et 10 % du prix de vente. Pour prendre mon exemple, la version papier de mon livre est à 16 euros et je touche 6,35 euros par livre vendu. Pour la version numérique, le prix d’achat est de 9 euros sur lesquels je touche presque 6 euros. Nous sommes loin des pourcentages cédés par les éditeurs à leurs auteurs. Notez que vous pouvez suivre en temps réel le nombre de ventes de votre livre ce qui est assez grisant (sauf quand le compteur ne bouge pas pendant plusieurs jours). Pour ma part, je vends beaucoup plus de versions imprimées de mon livre que de version Kindle (cette dernière est pourtant beaucoup moins chère). Le papier semble avoir encore de beaux jours devant lui.

3ème étape, le livre est en ligne : Votre livre est en ligne et n’importe qui peut l’acheter et laisser un commentaire en ligne après l’avoir lu. En réalité n’importe qui peut noter l’ouvrage sans l’avoir lu ou acheté : gare aux haters…. Pour ma part, j’ai eu de la chance : pas de haters et un livre bien noté (4,7 sur 5) par onze lecteurs dont certains expliquent travailler dans le monde de l’audiovisuel. Onze notes ce n’est pas si mal. C’est curieusement plus que certains excellents ouvrages de Philip Roth mais beaucoup moins que la carte d’Ecosse de Michelin… Lorsque quelqu’un me signale sur les réseaux sociaux qu’il a acheté mon livre, je lui demande systématiquement de le noter. Mon livre renvoie vers mon site internet et mon compte Twitter ce qui permet aux lecteurs de m’envoyer facilement leurs questions ou leurs impressions.  Jusqu’à présent, je n’ai eu que de très bons retours.

4ème étape, la publicité : Pour vendre votre livre il faut en faire la publicité. Et oui, l’éditeur ne le fait pas pour vous car rappelez-vous : vous n’en avez pas ! Amazon n’est pas votre éditeur mais votre distributeur. L’éditeur, c’est vous. Il est donc conseillé d’avoir un réseau pour faire parler de son livre. Si vous voulez faire parvenir des exemplaires aux journalistes, vous en serez de votre poche et devrez acheter et envoyer vous-même ces exemplaires. Pour ma part, j’ai choisi de ne pas l’envoyer aux journalistes mais de signaler aux journalistes spécialisés la publication de mon livre. Je ne suis pas sûr que beaucoup l’aient acheté. Ce qui est certain, c’est que je n’ai pas eu une seule ligne dans la presse écrite. Je n’ai bénéficié d’aucun commentaire à la radio ou à la télévision. Seul un blog (dont je remercie chaleureusement l’auteur) en a parlé. Autant vous dire que dans ces conditions, il n’est pas facile de vendre des livres. Pour autant, je me suis appuyé sur mon réseau pour assurer un minimum de publicité. Mon compte Twitter (@droitducinema) consacré au droit du cinéma compte presque 4000 followers (ce qui est peu et beaucoup à la fois) qui s’intéressent au monde de l’audiovisuel. Mon compte LinkedIn a également été mis à contribution. Au final, je vends des exemplaires depuis la publication de mon livre et j’en vends toujours régulièrement 12 mois après sa publication. Je n’en vends pas beaucoup (je m’appelle Marc Le Roy hein, pas Marc Levy) mais j’en vends. J'ai même été classé numéro un des ventes dans la section "télévision" d'Amazon. Il est à ce propos toujours plaisant de voir des articles de presse rappeler que certains politiques qui ont été invités sur TOUS les plateaux TV ont au final vendu moins de livres que moi et mes « zéro ligne » dans la presse…
Dix mois après la sortie de mon livre, j’ai décidé de le proposer gratuitement sur mon site internet www.droitducinema.fr en version pdf. Les versions papier et Kindle (plus pratiques à manier) sont toujours disponibles sur Amazon. Il est intéressant de noter que cette version gratuite est copieusement téléchargée. Le ratio est pour le moment de 1 à 7 c’est à dire 7 livres téléchargés gratuitement pour un exemplaire vendu. Autre phénomène intéressant, depuis que mon livre est gratuit, ses ventes sur Amazon progressent… Allez comprendre !

Au final, je suis très satisfait d’être passé par l’autopublication proposée par Amazon. Les outils de mise en ligne, de commercialisation et de suivi des ventes sont particulièrement efficaces. Autre avantage vous contrôlez votre livre de bout en bout tant au niveau de l’écriture que du marketing (présentation du livre, publicité….) L'inconvénient principal réside dans l’absence d’éditeur. Ce dernier n’activera donc pas ses réseaux et son savoir faire pour vendre votre livre et en assurer la publicité dans les médias. Je pense bientôt publier un nouveau livre sur un sujet différent et je pense que j'essaierai de nouveau d’avoir un éditeur afin que ce dernier puisse m’aider à faire connaître le livre. Si de nouveau aucun d’eux ne veut me publier, je repasserai volontiers par les services d’Amazon.

 

Actualisation mars 2020 :Finalement j'ai recommencé et sans passer dans un premier temps par un éditeur. Avoir le contrôle total sur la publication d'un ouvrage (date de publication, contenu, plan, couverture, actualisation...) est assez séduisant, je me suis donc encore débrouillé seul pour sortir mon Droit de l'audiovisuel il y a quelques jours.

Actualisation septembre 2022 : La deuxième édition de mon Droit de l'audiovisuel est sortie, toujours en autopublication.

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Lien vers les livres de Marc Le Roy sur Amazon

Presentation de l'auteur

 

Marc Le Roy

Docteur en droit

droitducinema.fr

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